Les études de droit à plusieurs vitesses

C'est une réalité méconnue des lycéens (voire des étudiants en droit) mais à côté du cursus de l'étudiant qui "fait son droit" à la fac de son secteur de manière tout à fait classique, il existe une multitude de cursus spécifiques.

Traditionnellement, le débat se limite à la question de quelle est la meilleure fac de droit? est ce qu'il y a un classement des facs de droit ?  [bon j'avoue j'ai fais un peu exprès de les reprendre pour  attirer le chaland avec les moteurs de recherche !] ... Cette problématique est aujourd'hui dépassée car il faut raisonner au niveau des filières spécifiques et non par université dans l'absolu, même si la renommée générale de la faculté est parfois un critère à prendre en compte, ce n'est jamais le critère absolu.

Impossible de lister ici tous ces cursus, puisque pour prendre seulement l'exemple de la faculté de Sceaux, un bachelier peut potentiellement s'inscrire en:

- parcours "langues approfondies" (D.U. langues)

- parcours juriste-linguiste en partenariat avec l'ISIT

- prépa ENS Cachan

- et dernièrement, parcours "Grande Ecole du droit"

Dans d'autres facultés, on peut trouver des filières comparables, par exemple le parcours "Grande Ecole du droit" est directement inspiré du "Collège du droit" d'Assas, et d'autres facultés ont lancé (ou projettent de le faire dans un futur proche) des initiatives similaires. C'est la dernière mode.

Les formations droit-langues sont assez répandues,  mais on peut également trouver une alliance du droit avec l'économie et/ou la gestion, ou d'autres disciplines plus originales (mais pas forcément plus pertinentes).

Une autre catégorie de formations très prisée englobe les doubles cursus avec études à l'étranger.

Par exemple les doubles maitrises cambridge-assas, King's College/sorbonne pour parler des plus prestigieux, donnent l'opportunité en 4 ans d'acquérir le diplôme de maitrise en droit , en même temps que le diplôme de droit anglais équivalent qui permet de devenir avocat en Angleterre !

Il n'y a alors  plus de comparaison possible avec l'étudiant classique qui dans le même temps aura obtenu seulement la maitrise de droit.

Il  existe des formations équivalentes moins connues,  peut être un peu moins prestigieuses mais qui permettent d'aboutir au même résultat. Ex: la double maitrise Leicester/Strasbourg, dont je n'aurais peut être jamais entendu parlé si je n'avais pas été en Erasmus là-bas, et qui pourtant offre des perspectives très intéressantes  aux titulaires de ce double diplôme.

Enfin, il faut aborder le sujet  des études de droit ... en dehors de la faculté de droit.

Sans rentrer dans les débats polémiques, la réalité est que d'autres établissements d'enseignement sont en concurrence frontale avec les universités sur certains créneaux du droit. Notamment le droit public avec les IEP et le droit des affaires avec les écoles de commerce. Il y a également le cas particulier de la stratégie tentaculaire  de Science-po Paris qui a carrément créé un cursus juridique complet et semble avoir pour ambition d'envahir tout le champ des études de droit.

Quel est le point commun de tous ces cursus particuliers ? C'est d'être sélectif, à côté du cursus classique ouvert à tous.

Or ces filières spécifiques sont censées avoir été conçues pour répondre à des besoins professionnels ... on peut donc supposer que, toutes choses étant égales par ailleurs, un étudiant issue de telles formations sera plus employable qu'un étudiant du cursus classique.

Pour vérifier cette hypothèse, il suffit de jeter un oeil aux exigences des offres d'emplois pour jeunes diplômés avocats/juristes dans les structures les plus prestigieuses (et généralement les plus rémunératrices) :  maitrise de langues étrangères/systèmes juridiques étrangers, double compétence juridique/économique ...

Evidemment, ces filières sont elles mêmes plus ou moins sélectives et n'offrent pas les mêmes atouts. Mais il serait trop fastidieux de se lancer ici dans une étude comparative ou de se hasarder à  des hiérarchisations. Encore une fois il y aura une prime à ceux qui auront su s'informer au bon endroit au bon moment. Heureusement avec le développement d'internet les privilèges d'information tendent à diminuer.  Puisse ce billet débroussailler le chemin de quelques lycéens égarés dans la jungle de l'orientation ...